EV#3 : chemin des Incas jusqu’au Machu Picchu

Le Machu Picchu est l’une des 7 nouvelles merveilles du monde (classement actuel). Ce site archéologique regorge de mystères tant pour sa conception que son utilisation première (un palais ? une cité ?). Perché à 2 438m d’altitude, l’accès peut se faire par le train mais il existe aussi un chemin … plus authentique … pour les aventuriers … par le chemin des Incas ! Je vous raconte ici notre aventure sur ce chemin traditionnel vieux de plusieurs siècles. 


Quelques explications

Les incas avaient construit un chemin qui reliait leur capitale Cusco à l’ensemble de leur empire, de l’Equateur au Chili. Après la conquête espagnole, peu de vestiges ont été conservés intacts. Cependant, la partie arrivant jusqu’à la Porte du Soleil du Machu Picchu reste praticable et empruntée par les randonneurs qui souhaitent voir ce site d’une manière différente. Sensations garanties !

L’allure reste authentique : un chemin relativement large, pavé de pierres, rythmé par des séries de hautes marches. On y trouve régulièrement des sites archéologiques servant pour la plupart de point de contrôle ou de cités. La première utilisation de ce réseau était de pouvoir transmettre rapidement les messages à travers l’empire. Il semblerait que les messagers se relayaient tous les 2 à 3 km pour assurer la rapidité du transfert. 

Outre la beauté du paysage, l’authenticité du chemin, l’aspect challenge sportif du parcours, un autre argument reste de taille : arriver avant la foule au Machu Picchu et voir le soleil se lever sur le site

En quelques chiffres

Départ : km 88

Durée : 4 jours

Distance : 15 à 21km par jour, soit 8h à 10h par jour

Altitude maximum : 4200m

Réservation : 6 mois à l’avance

Nombre de personnes admises par jour : 500, porteurs compris

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Retour d’expérience

Jour 1

Le départ se fait à Cusco. Réveillés et prêts vers 7h du matin, nous rencontrons notre guide avant de prendre la route. Normalement les groupes vont jusqu’à une dizaine de personnes avec un guide anglophone ou hispanophone. Nous avons eu beaucoup de chance car nous n’étions que deux avec un guide qui parlait très bien français. Les randonneurs sont récupérés les uns après les autres dans un petit van et nous partons pour 3h de route. 

Sur le chemin, nous nous arrêtons une première fois pour que les guides récupèrent nos billets de train pour le retour du Machu Picchu à Cusco, une deuxième fois pour une étape boutique/souvenirs, la dernière avant la randonnée. Vous pourrez acheter les derniers encas, un poncho en plastique (que je vous recommande vivement même hors périodes de pluie), de l’eau, des vêtements chauds, des bâtons de marche … Bref, tous les détails de dernière minute. Vous pourrez aussi prendre le temps de boire un Mate de Coca ! Cette boisson aux feuilles de Coca favorise l’acclimatation à l’altitude. 

Nous avons repris la route jusqu’au point de départ de la randonnée : le km 88 ! C’est le moment de faire connaissance avec son groupe et pour les guides de nous expliquer l’histoire du lieu. Vous recevrez en plus de votre sac à dos un duvet et un sous-matelas. Attention donc à votre préparation de sac avant de partir ! Nous nous sommes retrouvés avec des sacs à dos avoisinant les 10kg

Une fois prêts, petite photo de groupe sous le panneau emblématique du départ et c’est parti. Dès le début, le spectacle est au rendez-vous : des porteurs vous doublent à une allure étonnante, des ânes descendant à contre courant vous font vous blottir contre la roche, des vestiges incas rythment le chemin de part et d’autre. 

Le guide nous prévient le soir autour d’un bon repas que la deuxième journée s’annonce être la plus dure. Pour ceux qui le souhaitent, nous pouvons donner notre sac à dos à un porteur. Après un dîner pris avec nos guides et nos camarades d’aventure, nous faisons un brin de toilette. Je vous suggère d’ailleurs de prévoir une toute petite pochette en guise de trousse de toilette et une lampe frontale. Vous serez armés pour aborder les sanitaires de fortune des différents camps. Nous nous sommes ensuite couchés dans une tente installés par les porteurs et nous nous endormons bercés par le bruit de la pluie.

Jour 2

Le matin, les porteurs viennent nous réveiller vers 5h30 avec un mathé de coca, un bol d’eau chaude pour se rincer les mains et le visage. Comme annoncé, le jour 2 s’est avéré être le plus difficile même déchargée de mon sac à dos. Nous franchissons d’abord un point de contrôle où tout le monde montre ses papiers et les porteurs font également poser leur paquetage (le poids total ne tenant pas dépasser les 30kg). Nous voilà partis pour plusieurs heures de montée. Le chemin devient un peu plus chaotique que la veille. Nous le suivons mais le rythme est difficile à prendre. Le chemin de terre se transforme en de grandes marches de pierre espacées de manière irrégulière et terriblement hautes. On s’accroche, entre marcheurs nous nous soutenons en nous envoyant des regards complices.

Après déjà quelques heures de montée, nous prenons le temps de souffler à l’un des arrêts pour boire, grignoter et nous redonner de l’énergie en mâchouillant quelques feuilles de coca. Notre guide nous explique que malgré les efforts fournis jusque là, la plus partie la plus technique reste à venir pour atteindre le point le plus haut de la randonnée : 4200m ! Je me retrouve seule aux côtés de notre guide, les yeux campés sur mes pieds pour ne pas rater ces immenses marches. Là, démarre une petite pluie fine qui prend de plus en plus d’ampleur jusqu’à se mêler à un vent sacrément coriace. L’expérience est au rendez-vous ! Je lève le nez de temps en temps pensant apercevoir le col mais chaque fois qu’on franchit un virage il me parait de plus en plus loin. Je suis les pas des autres marcheurs pour garder le rythme, le guide continue de nous soutenir jusqu’à enfin être arrivés tout en haut !

Notre guide nous fait une photo et nous prévient : la descente ne sera pas simple. Avec le vent et la pluie, il faut veiller à ne pas glisser sur les pierres polies par les marcheurs et le froid nous saisit à travers le poncho en plastique et nos multiples épaisseurs. Après plusieurs heures de descentes, nous voilà enfin arrivés au campement. Le « mathé de coca » nous réchauffe et nous sommes tous fiers de cette journée ! Les porteurs se proposent de nous faire sécher quelques unes de nos affaires sur le poêle mais l’humidité prend le dessus. Après un bon dîner, nous nous couchons tôt pour reprendre des forces pour la troisième journée de marche. Paraît-il que ce sera la plus longue …

Jour 3

Troisième réveil, les porteurs sont ponctuels et nous apportent nos boissons chaudes. Nous prenons un bon petit-déjeuner et nous reprenons le chemin. Tout en marchant, je mets mon écharpe et mes moufles étendues sur mon dos pour essayer de les faire sécher au soleil. Nous franchissons plusieurs sites archéologiques tout au long de la matinée. Quel spectacle … Là encore, il s’agit pour la plupart d’anciennes cités et lieu d’étape pour faire circuler les messages.

Le midi, nous prenons tous le temps de se réchauffer au soleil et nous repartons chacun à notre rythme. Seuls avec le guide loin derrière nous, nous avons vu les plus beaux paysages avec l’impression d’être seuls au milieu de la nature. Nous avons rencontré quelques lamas bien curieux de nous voir sur leur chemin, et même … entendu un cri de félin qui m’a paru venir à quelques mètres de nos pas.

Le soir, le guide nous félicite pour nos trois jours de marche et nous prépare au départ du lendemain : le Machu Picchu !

Jour 4

Ça y est, nous y sommes ! Départ aux aurores pour l’une des 7 merveilles du monde. Nous sommes tous impatiens et nous partons avec un rythme effréné. Le soleil amorce tout doucement son levé. Nous commençons ces premiers temps de marche avec nos lampes frontales. Au loin, on entend même le sifflement du train qui amène les touristes jusqu’au site. Ambiance garantie !

Il nous faut encore fournir quelques efforts. Impatients d’y être, nous accélérons le pas dès que nous avons le chemin donne l’illusion d’apercevoir le point d’étape finale. Et puis, nous voilà enfin arrivés à la porte du soleil ! Juste à temps avant le soleil ne pointe le bout de son nez. Les porteurs nous donnent à chacun un petit déjeuner et nous nous installons face au Machu Picchu, désert, splendide, perché au milieu de montagnes encore plus hautes. Le soleil l’éclaire progressivement. Le spectacle est magnifique ! Nous oublions les moments de galère comme ceux du deuxième jour et nous profitons de ce moment tous ensemble.

Nous finissons par prendre un chemin en descente qui nous emmène jusqu’au site lui-même. Nous y croisons quelques touristes qui prennent le chemin en sens inverse, essoufflés par cette montée qui nous paraît sur le moment dérisoire. Le contraste avec notre expérience nous saute aux yeux. Eux sont pimpants et propres …

Une fois arrivés, notre guide fait le tour avec nous pour nous donner de précieuses informations tout au long de la visite. Nous avons également pu tamponner notre passeport en souvenir ! Et puis c’est l’heure des embrassades pour se dire au revoir. Nous quittons le Machu Picchu par le train, retour à la vie citadine avec du monde, du bruit, des restaurants, de la musique, … Le train dure quelques heures et heureusement. Cela nous permet de continuer d’admirer le paysage tout en prenant conscience de ce que nous venons de vivre.

L. S.

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